Écouter Cubocta Sonde (1981). Pièce écrite par Andrew Culver. Interprétée par Andrew Culver, Pierre Dostie, Chris Howard, et Charles de Mestral.
Andrew Culver a écrit Cubocta Suite en 1981 alors qu’il s’est installé à New York, après avoir vécu à Hong Kong. La partition consiste en un rouleau fait d’une seule feuille de papier de riz. La notation en tant que telle est faite de caractères disponibles sur le clavier d’un programme de traitement de texte ayant permis à Culver d’imprimer de manière continue sur une longue feuille de papier. Il y a deux colonnes, chacune lue de haut en bas, et de droite à gauche ; ainsi, le temps se lit verticalement.
La pièce commence avec un mésostique : un poème où les lignes horizontales d’un texte sont entrecoupées d’un mot ou une phrase à la verticale. Un mésostique est similaire à un acrostiche, sauf que l’expression à la verticale coupe les milieux des lignes horizontales plutôt que ses débuts. Culver a été influencé par l’utilisation du mésostique par John Cage ; en effet, Cage a utilisé cette forme poétique en l’agrémentant de règles et limites sur l’emploi de certains caractères à certains moments. Le mésostique dans Cubocta Suite est écrit à la manière d’une note d’interprétation. Seulement, il est écrit à l’envers, de droite à gauche. Culver laisse à l’interprète le soin de découvrir ce détail, révélant ainsi la méthode avec laquelle la partition doit être lue.
Le mot « intertriangulate » est le mot vertical dans le mésostique de Cubocta Suite et il s’agit du matériau primaire sur lequel la composition est basée. Culver demande seize sources sonores correspondant aux seize lettres du mot. Celles-ci sont distribuées équitablement entre les musiciens. En d’autres mots, soit il y a seize musiciens chacun responsable d’une source sonore, huit musiciens responsables de deux sources sonores, ou quatre responsables de quatre sources sonores, etc. Les sources sonores elles-mêmes sont indéterminées. Sur chaque colonne, chaque musicien suit un rang d’une lettre donnée, la longueur de ce rang représentant la longueur relative du son provenant d’une source sonore.
Culver croit que des musiques radicalement nouvelles ne peuvent provenir que de nouvelles sources sonores. À travers sa carrière, il a beaucoup travaillé avec des groupes d’improvisation musicale explorant et concevant de nouvelles sources sonores. Ceci a mené à des expériences variées avec des notations graphiques non-standard, ainsi qu’avec d’autres manières de représenter le son. Par exemple, plutôt que de fonctionner comme une « partition » dans le sens conventionnel du terme, Culver décrit le rouleau de Cubocta Suite comme un moyen de « concevoir le son ». Ceci est indiqué par la calligraphie au bas du rouleau, qui pourrait se traduire comme : « ceci est présenté comme un cadeau au design sonore ». Les deux symboles chinois sous-jacents au texte se traduisent comme « design sonore » ou « design musical ». La notation employée par Culver est libre des limites imposées par la pratique notationnelle standard, qu’il considère comme ne permettant pas de concevoir un son musical qui ne soit pas structuré selon les notions conventionnelles de hauteur et de rythme. L’avantage d’une notation comme celle de Cubocta Suite est qu’elle permet au son d’une source sonore donnée d’être considéré comme entièrement musical.
Cubocta Suite fait un lien entre le travail de Culver avec la notation conventionnelle comme étudiant aux cycles supérieurs en composition à l’Université McGill, et ses sessions d’improvisation musicale, sans partition, avec Sonde, un groupe formé avec d’autres étudiants en composition de l’Université McGill. Pour la première de Cubocta Suite, les membres de Sonde ont joué sur des instruments qu’ils ont eux-mêmes conçus et construits, instruments incluant des objets trouvés.