Écouter Le discours. Pièce écrite par Joane Hétu. Productions SuperMusique. Concert enregistré pour la Chaîne culturelle de Radio-Canada dans le cadre de l'émission Le Navire "Night" réalisée par Hélène Prévost, le 4 mai 2002, Art Neuf au Centre culturel de Calixa-Lavallée, Montréal dans le cadre de la série Canevas 2002. Interprétée par Nicolas Caloia (contrebasse et voix), Aimé Dontitny (trompette et voix), Chantal Dumas (électroniques et voix), Lori Freedman (clarinettes et voix), Joane Hétu (voix, saxophone, direction et voix), Lee Pui Ming (piano et voix), Danielle Palardy Roger (percussion et voix).
Dans Le Discours (2002), Hétu explore les contrastes entre les discours individuel et collectif. Incorporant à la fois des conversations musicales et verbales, Le Discours brouille les frontières entre les interactions musicales et sociopolitiques dans un ensemble d’improvisation.
La première section comprend cinq formes discursives : « bavardage », « prière », « proclamation », « exclamation », et « parole » qui peuvent être jouées soit en discours individuel ou en ensemble et qui sont désignées par le chef. Chaque forme discursive est représentée graphiquement par le ton général l’accompagnant. Dans le discours individuel, le chef désigne un premier musicien dans l’ensemble, qui improvise un énoncé à saveur politique affirmé verbalement (dans le cas de « parole ») ou musicalement dans n’importe quel des autres discours. Ensuite, chaque joueur, sans ordre particulier, doit répéter le même énoncé, en utilisant son instrument. L’énoncé original doit être bref (entre cinq et vingt-cinq secondes) et doit avoir assez de substance pour pouvoir être bien identifié et repris à travers plusieurs répétitions. Après, au cours du discours collectif, l’énoncé de chaque musicien est répété par tous en même temps et est dirigé dans sa durée par le chef. Il peut arriver que le chef désigne un discours collectif sans qu’il soit précédé par une succession de courts solos.
La deuxième section est constituée d’un solo, ou d’un duo, ou d’un trio désigné par le chef et qui fait la conversation, c’est-à-dire improvise, et les autres musiciens clament une des syllabes de la phrase « C’est mon opinion ». Ces deux parties s’intercalent au gré du chef. L’impact de la pièce réside dans le contraste direct entre les énoncés collectif et individuel.
Alors que le concept musical en est un relativement simple, l’aspect sociopolitique s’est avéré être un défi. Hétu remarque que l’accent est mis sur le contraste de l’élocution d’une opinion, entre ses versions individuelle et collective, que l’on approuve ou non. Dépendant du contexte, Hétu a constaté que plusieurs musiciens ont de la difficulté avec cette notion. Ainsi, en contraste avec 12 Moments brefs, Le Discours requiert plus de répétitions.